Changement de pilote dans l’avion-cargo de la prévoyance

La prévoyance professionnelle reposant sur le système de capitalisation est très éloignée de la jet set, car elle s’inscrit naturellement dans le long terme et exclut volontiers toutes les surprises. Une petite exception s’est produite lors de la 69e assemblée générale ordinaire de la fondation Proparis à Belp, qui a été le théâtre d’élections disputées. Pour la période de mandat du 1er juillet au 30 juin 2029, trois membres sur les seize du conseil de fondation ont été nouvellement élus.   

Hans-Ulrich Bigler, qui a présidé le conseil de fondation de Proparis ces quatre dernières années, a mené l’assemblée avec son dynamisme habituel. Dans son rapport, il a évoqué l’année électorale 2024, au cours de laquelle le secteur de la prévoyance vieillesse a essuyé trois défaites dans les urnes. «Les problématiques de la prévoyance vieillesse attendent toujours une solution», a déclaré M. Bigler. Il a insisté sur le fait que Proparis ne faisait pas de politique, mais se contentait de gérer les actifs de ses assurés. 

Le bilan de ces dernières années est positif. La transition par étapes vers l’autonomie complète de la fondation se reflète déjà dans les chiffres. En 2024, la rémunération moyenne s’est établie entre 2.5% et 4.5% selon les œuvres de prévoyance. A compter du 1er janvier 2026, Proparis gérera tous les avoirs de prévoyance de façon entièrement autonome, c'est-à-dire sans réassurance. Les contrats d’assurance avec Baloise et Swiss Life sont résiliés et expireront à la fin de l’année 2025. A titre de sécurité supplémentaire dans le domaine des risques d’invalidité et de décès, Proparis a développé un modèle de dépôt pour les œuvres de prévoyance de petite taille, une sorte de pool de risques auquel cotisent les œuvres de prévoyance afin de répartir plus largement l’exposition au risque. «La voie choisie vers l’autonomie complète est la bonne», a conclu M. Bigler. 

Hans-Ulrich Bigler a pris congé de trois membres de longue date du conseil de fondation. Le représentant des employeurs Heinz Oertle (2roues Suisse, CP MOBIL) et le représentant des salariés Rolf Frehner (Unia, CP MOBIL, CP des horticulteurs et fleuristes) ont quitté le conseil au bout de 8 ans pour le premier et 16 ans pour le second. L’assemblée a également pris congé de Kurt Gfeller, qui a été membre du conseil de fondation de Proparis durant pas moins de 28 ans. En tant que représentant des employeurs, ce boucher de formation représentait l’Union suisse des arts et métiers (usam)  ainsi que les associations ASEPP, UPSV et VSSM. Il était par ailleurs membre du comité des placements de Proparis et responsable des dossiers politique sociale à l’usam.  

Du côté des salariés, l’élection s'est déroulée dans le calme et sans turbulences, à l'image des conditions météorologiques à l’aéroport de Berne-Belp, qui n’est aujourd’hui plus utilisé par l’aviation commerciale. Brigitta Bernet, spécialiste en politique sociale et de la formation chez Unia, a été élue représentante des salariés. Elle est également vice-présidente de PK-Netz et membre de la commission d’assurance de la CP des horticulteurs et fleuristes.    

La tension est ensuite montée pendant un bref instant, car il y avait 10 candidatures pour les 8 sièges des représentants des employeurs à pourvoir. Après la réélection en bloc de tous les membres actuels, deux nouveaux candidats se sont imposés lors d’un vote à bulletin secret: Reto Jaussi (directeur de l’ASTAG Suisse, membre de la CP MOBIL; 19 voix) et Simon Schnyder (responsable des dossiers politique sociale et politique de la santé à l’usam, ASEPP; 17 voix). Sonja Stamm, qui avait été nominée par Jardin Suisse, a remporté un succès d’estime avec 15 voix. Roland Räber, de l’Association suisse des patrons boulangers-confiseurs (BCS), n’a pas été élu.  

La 69e assemblée de la fondation à Belp s’est ainsi terminée dans une ambiance cordiale. Le directeur Michael Krähenbühl a fourni des explications sur les chiffres de l'exercice 2024 et Hans-Ulrich Bigler a passé le relais à son vice-président Aldo Ferrari. Le nouveau président a également souligné que la collaboration était bonne et que l’on s'engageait ensemble sur la voie de l’autonomie totale. Le syndicaliste Aldo Ferrari s’est autorisé une petite pique en déclarant que l’on ne faisait certes pas de politique, mais que l’on menait quand même une politique de prévoyance.